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    L’étude IFCT-1502 CLINIVO, dont je suis co-investigateur avec Olivier Molinier, est une étude qui reprenait les données d’un médicament d’immunothérapie dans le cancer bronchique non à petites cellules. Le contexte est celui de la mise à disposition en France de l’immunothérapie avec un de ces médicaments qui s’appelle le nivolumab. L’immunothérapie a été mise à disposition pour les patients atteints d’un cancer bronchique non à petites cellules métastatique en 2015, dans des situations où la chimiothérapie était en échec. Il fallait avoir eu un premier traitement qui malheureusement perd de son efficacité au bout d’un certain temps. Sur la base des résultats des essais cliniques (qui avaient comparé l’immunothérapie à une autre chimiothérapie et montraient un bénéfice de l’immunothérapie par nivolumab), le nivolumab a été mis à disposition des patients français dans le cadre d’un programme qui s’appelle l’Autorisation Temporaire d’Utilisation (ATU). Cette Autorisation Temporaire d’Utilisation correspond à la mise à disposition d’un médicament avant sa commercialisation et sa validation par les autorités de santé en France. L’immunothérapie aujourd’hui, dans les cancers bronchiques non à petites cellules, est disponible en deuxième ligne de traitement c’est à dire après l’échec d’une première chimiothérapie. Il y a aujourd’hui plusieurs molécules qui sont disponibles, le nivolumab et le pembrolizumab.

    L’étude CLINIVO est une étude de la cohorte des patients qui ont été traités par cette immunothérapie, le nivolumab, en 2015 dans le cadre du programme temporaire d’utilisation c’est-à-dire que ce sont des patients qui ont commencé l’immunothérapie par nivolumab entre février et septembre 2015. Grâce à l’équipe d’Attachés de Recherche clinique de l’IFCT, les données cliniques, les résultats de l’immunothérapie et les stratégies de traitements (qui ont été ensuite réalisées pour ces patients) ont été collectés dans une base de données qui a ensuite été analysée. L’intérêt est qu’un grand nombre de patients ont été traités par nivolumab dans le cadre de cette ATU car c’était le début de l’immunothérapie.

    Les résultats des essais cliniques étaient satisfaisants et il y avait donc un fort bénéfice à proposer l’immunothérapie pour nos patients ce qui est toujours le cas aujourd’hui. Par contre, à l’époque, on ne disposait que des données des essais cliniques où on évalue un traitement dans une situation particulière. Il fallait donc voir dans une situation de « vraie vie » quels étaient les résultats du nivolumab, quelles étaient les stratégies thérapeutiques qui étaient données si le nivolumab venait à ne pas fonctionner ou à ne plus fonctionner. L’étude CLINIVO a ainsi collecté les données de 900 patients qui ont reçu du nivolumab à partir de 2015. Ce qui est très intéressant, c’est que dans cette étude, il ne s’agissait pas de patients qui avaient reçu un seul traitement avant de commencer l’immunothérapie. Il s’agissait souvent de patients en situations plus avancées pour lesquels 2,3 ou 4 chimiothérapies différentes avaient été données, c’est-à-dire une situation un peu plus difficile qu’une situation purement de deuxième intention de traitement.

    Dans l’étude CLINIVO, on retrouve les résultats de l’immunothérapie qui sont identiques à ceux que l’on observait dans les essais cliniques. Cela est très satisfaisant car cela signifie que dans cette situation pourtant plus hétérogène, l’immunothérapie confirme son efficacité dans cette situation de cancer bronchique non à petites cellules de stade avancé. Les résultats sont les mêmes en termes de durée de taux de réponse, c’est-à-dire d’efficacité sur la tumeur et de durée de réponse, et de survie des patients.

    Dans l’étude CLINIVO, on a également était capable de regarder quels étaient les traitements qui étaient donnés après l’immunothérapie pour essayer de comprendre au mieux la séquence de traitement et la stratégie de traitement que les médecins appliquaient en intégrant cette nouvelle modalité de traitement qu’est l’immunothérapie. A peu près la moitié des patients ont pu recevoir un autre traitement après l’immunothérapie. Ce qui est très intéressant c’est que la durée d’efficacité de ce traitement suivant était très variable d’un patient à l’autre. Il y avait des patients qui avaient reçu une immunothérapie pendant une très courte période et qui vont recevoir le traitement suivant pendant très longtemps comme si on re-sensibilisait finalement la tumeur à un traitement de chimiothérapie.

    Les données de l’étude CLINIVO sont très riches car il y a beaucoup de « données patients » qui peuvent être analysées. On n’est qu’au début de l’analyse de cette cohorte et grâce à ces résultats on va pouvoir enrichir nos stratégies de traitement et mieux comprendre comment fonctionne l’immunothérapie par rapport à la chimiothérapie et valider finalement, dans une situation de vraie vie, l’efficacité de ce traitement par nivolumab.

    Dernière modification le mercredi, 25 juillet 2018 12:16