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    L’étude IFCT CHIVA-1001 est la première étude dédiée aux personnes vivants avec le VIH parce que classiquement ces personnes sont toujours exclues des essais cliniques. Cette étude porte sur le cancer du poumon de stade avancé de type histologique non-épidermoïde. L’avènement en 1996 des trithérapies a marqué un tournant considérable dans la prise en charge des personnes vivants avec le VIH. Le nombre de décès liés au SIDA a considérablement diminué et actuellement l’espérance de vie des personnes vivants avec le VIH se rapproche et est presque comparable à celle de la population générale. Pour cette raison, de nouvelles pathologies apparaissent et en particulier les cancers. Le risque de développer un cancer du poumon chez les patients qui ont le VIH est d’environ deux fois plus élevé que dans la population générale. Ce risque est finalement lié d’abord au tabac plus qu’à l’immunodépression provoquée par le virus. On ne sait pas vraiment si le cancer du poumon est plus grave chez les personnes VIH, beaucoup d’études l’ont dit. Une étude récente en France a montré au contraire que le pronostic était le même que dans la population générale. En 2006, une étude réalisée en France portant sur les traitements du cancer du poumon chez les personnes vivants avec le VIH, a montré que les pratiques étaient hétérogènes soulignant finalement la difficulté des médecins à choisir les bons traitements.

    L’étude IFCT-1001 CHIVA a cherché à mettre en place, à définir un traitement de référence chez les patients vivants avec le VIH. Elle a évalué l’efficacité et la toxicité d’un doublet de chimiothérapie comportant du carboplatine et du pémétrexed. Ce doublet a été choisi parce que, d’une part, il s’agit d’un des traitements de référence dans la population générale et, d’autre part, il ne présente pas d’interactions avec la trithérapie. Au total, 61 patients ont été inclus dans l’étude, ils avaient en moyenne 52 ans. La très grande majorité était fumeurs ou fumeurs sevrés et 96% des patients recevaient une trithérapie au moment de l’inclusion dans l’étude. L’objectif principal était le contrôle de la maladie après 4 cycles, c’est-à-dire le pourcentage de patients chez qui la chimiothérapie permet de contrôler la maladie. Les objectifs secondaires étaient d’évaluer la toxicité du traitement, de recenser le nombre d’infections en particulier d’infections opportunistes qui sont des infections particulièrement développées lorsque les CD4 sont bas.

    L’objectif principal de l’étude a été atteint puisque 51% des patients ont reçu les 4 cycles de chimiothérapie. La toxicité était acceptable ce qui signifie que finalement elle n’était pas supérieure chez les personnes vivants avec le VIH par rapport à la population générale ce qui est une très bonne nouvelle. Et enfin, on a recensé aucune infection opportuniste et les paramètres du VIH c’est-à-dire le nombre de CD4 et la charge virale était constant pendant tout le traitement. On observe cependant que la survie sans progression c’est-à-dire le temps pendant lequel la maladie est contrôlée par la chimiothérapie était de 3,6 mois ce qui est quand même inférieur à ce que l’on observe dans la population générale. La survie globale était de 7,6 mois ce qui est également inférieur à ce que l’on observe dans la population générale. Cette étude est une première au niveau international dans la mesure où c’est une étude dédiée aux personnes vivants avec le VIH.

    Le doublet carboplatine/pémétrexed suivi d’une maintenance par pémétrexed représente aujourd’hui le standard dans cette population. L’enjeu maintenant va être de démontrer que l’immunothérapie fait aussi bien voire même mieux chez les personnes vivants avec le VIH, avec pas de toxicité, et peut être même une amélioration des paramètres virologiques. Pour cette raison et en collaboration avec le réseau ONCOVIH, avec l’Agence Nationale de Recherche contre le SIDA, une étude promue par l’IFCT a débuté. Il s’agit de l’étude IFCT-1602 CHIVA-2 qui s’adresse également aux personnes vivants avec le VIH et qui a pour objectif d’évaluer l’efficacité et la toxicité du nivolumab en deuxième traitement après avoir reçu une chimiothérapie en première ligne.

    Dernière modification le jeudi, 19 juillet 2018 17:31