• Sous titre de l'essai clinique: Etude IFCT-0302 (V. Westeel) - Janvier 2018
  • Numéro de vidéo: 266100141
  • Chapitrage:
    • Début du chapitre (format 00:00): 00:00, Titre du chapitre: Contexte et objectifs (chapitre 1)
    • Début du chapitre (format 00:00): 02:09, Titre du chapitre: Résultats (chapitre 2)
  • Transcription:

    L’étude IFCT-0302 s’adresse à des patients qui ont été opérés pour un cancer du poumon. La chirurgie est le traitement de référence des patients qui ont un cancer du poumon sans métastase donc toujours localisé dans le thorax et accessible techniquement à une chirurgie. Ces patients, une fois qu’ils ont été opérés, doivent être surveillés puisqu’il existe à la fois un risque de récidive de la maladie opérée et également de survenue d’un deuxième cancer et en particulier d’un deuxième cancer du poumon. En pratique, il n’existait jusqu’à présent aucune donnée solide dans la littérature médicale pour savoir comment surveiller ces patients. La question qui se pose est de savoir si le scanner, qu’on utilise beaucoup en pratique, a réellement un intérêt dans cette population en plus d’une surveillance avec une visite auprès du médecin (et donc d’un examen du patient) et éventuellement d’une radiographie pulmonaire.

    L’étude IFCT-0302 est une étude de l’Intergroupe Francophone de Cancérologie Thoracique qui est un groupe académique. Cette étude a inclus 1775 patients qui ont été opérés d’un cancer du poumon. La moitié des patients étaient surveillés avec un examen clinique et des radiographies thoraciques et l’autre moitié avait également bien sûr le suivi par l’examen clinique et les radiographies des poumons avec en plus un scanner thoraco abdominal et pour certains d’entre eux également une fibroscopie bronchique. Le rythme de surveillance était le même dans les deux groupes, c’est-à-dire tous les 6 mois pendant 2 ans et ensuite une fois par an jusqu’à 5 ans.

    Cette étude avait pour objectif de regarder si les patients des deux groupes avaient la même durée de vie. La question principale était de savoir si le scanner permet, en détectant éventuellement plus précocement des récidives ou deuxième cancer, de faire que le traitement va être plus efficace et que ces patients vont survivre plus longtemps. Cette étude montre que ce n’est pas le cas puisque la durée de vie des patients dans les deux groupes, c’est-à-dire ceux qui avaient un suivi avec scanner et ceux qui avaient un suivi sans scanner, n’est pas différente. Cela veut dire que dans la pratique on peut surveiller les patients des deux façons, c’est-à-dire par radiographie des poumons mais aussi par scanner. Ceci n’est pas totalement anodin puisque l’on sait que le scanner peut aussi avoir des effets indésirables : il y a à la fois des rayonnements liés au scanner (qu’il faut donc ne faire que de manière appropriée) et il y a un stress qui va s’associer potentiellement à la réalisation de ces scanners, une angoisse d’autant plus que si le scanner découvre une anomalie qui n’est pas forcément liée au cancer, il peut y avoir des examens nécessaires pour voir à quoi correspond cette anomalie et donc un stress supplémentaire et d’autres examens qui n’auraient pas été programmé autrement. S’ajoute à cela bien sûr la charge économique liée à la réalisation de scanners répétés ce qui est une question importante dans le cadre du coût de la santé.

    Lorsque l’on regarde les données un peu plus en détail, il est possible que, sur le long terme, il puisse y avoir un intérêt au scanner. Autant il n’est vraisemblablement pas utile de faire un scanner tous les 6 mois pendant les deux premières années, au-delà il peut y avoir un intérêt à faire un scanner dans la mesure où chez les patients qui n’avaient pas récidivés ou qui n’avaient pas fait d’autres cancers dans les deux ans, il pourrait y avoir un bénéfice à réaliser des scanners. En effet, les récidives qui surviennent plus tardivement, ou les deuxièmes cancers qu’on va donc détecter plus tardivement, sont des maladies qui sont moins agressives et il pourrait être intéressant de les détecter plus tôt pour pouvoir les traiter plus tôt, à un stade où ils sont moins avancés, et avoir ainsi plus de chance d’améliorer l’efficacité des traitements chez ces patients.

    Dernière modification le lundi, 25 juin 2018 09:54

Etude IFCT-0302 Pr. Virginie Westeel (CHRU, Hôpital Jean-Minjoz-Besancon)