• Sous titre de l'essai clinique: IFCT-GFPC0701 MAPS (G. Zalcman) - Janvier 2020
  • Numéro de vidéo: 379722656
  • Chapitrage:
    • Début du chapitre (format 00:00): 00:00, Titre du chapitre: Contexte et objectifs de l'étude (chapitre 1)
    • Début du chapitre (format 00:00): 02:35, Titre du chapitre: Les résultats (chapitre 2)
    • Début du chapitre (format 00:00): 03:36, Titre du chapitre: Conclusion (chapitre 3)
  • Transcription:

    Quel traitement de 1ère ligne pour les patients atteints d’un mésothéliome pleural malin ?
    G. Zalcman

    L’étude IFCT-GFPC-0701MAPS est une très large étude française promue par l’Intergroupe Francophone de Cancérologie Thoracique qui s’est adressée aux patients porteurs d’un mésothéliome pleural malin. Le mésothéliome pleural malin est une tumeur qui répond aux définitions des tumeurs rares puisqu’on en dénombre 1 millier de cas par an à peu près en France. C’est une maladie qui est très fortement liée à une exposition professionnelle aux fibres d’amiante, à l’inhalation de fibres d’amiante, sachant que l’amiante a été très largement utilisée dans notre pays et dans le monde entier jusqu’au milieu des années 1980 pour ses qualités de matériaux de friction ou d’isolation vis-à-vis du feu. Tous les patients qui présentent actuellement un mésothéliome ont été exposés, parfois plus de 40 ans auparavant et avant le diagnostic de la maladie, à l’inhalation de fibres d’amiante sur leur lieu de travail.
    À l’époque, il n’y avait pas beaucoup d’options thérapeutiques pour le mésothéliome pleural malin. Depuis 2004, une chimiothérapie à base de sel de platine et pemetrexed (Alimta) a montré une amélioration de la survie globale par rapport au seul traitement par cisplatine. Les résultats étaient encore assez médiocres avec des durées de survie qui étaient relativement limitées malheureusement et pas beaucoup d’options thérapeutiques en cas de progression.

    L’étude IFCT-GFPC-0701MAPS a consisté à proposer, en plus de la chimiothérapie classique, un traitement qui cible les vaisseaux fabriqués par la tumeur pour se nourrir. Il s’agit d’un anticorps, le bevacizumab (Avastin), qui va empêcher la tumeur de fabriquer des vaisseaux, et donc empêcher la tumeur de se développer. L’étude IFCT-GFPC-0701MAPS a inclus au total 448 patients : la moitié des patients recevait la chimiothérapie (pemetrexed-cisplatine), et l’autre moitié recevait la même chimiothérapie avec l’anticorps bevacizumab. La façon dont on détermine, dans ce type d’étude, quel patient va recevoir ou pas le traitement à l’étude, est un tirage au sort.

    Cette étude a débuté à la fin de l’année 2007 et s’est achevée en 2014. Etant donné qu’il s’agit d’une maladie rare, il a en effet fallu du temps pour inclure tous ces patients. Cette étude a atteint ses objectifs puisqu’elle a permis de démontrer, qu’en ajoutant cet anticorps (bevacizumab) qui cible la vascularisation de la tumeur, on allongeait très significativement la survie globale des patients. En effet, dans le groupe des patients traités par chimiothérapie seul, la survie moyenne des patients était autour de 16 mois alors que la survie moyenne des patients traités par chimiothérapie, et cet anticorps ciblant les vaisseaux, tournait autour de 19 mois. Cette augmentation de survie est très statistiquement significative.

    Cette thérapeutique (bevacizumab) a été acceptée de façon assez universelle, car il s’agissait du 1er essai clinique positif depuis plus de 10 ans dans le mésothéliome. Il existe désormais une recommandation nord-américaine, dans ce qu’on appelle les guidelines NCCN (National Comprehensive Cancer Network), qui propose le triplet (pemetrexed-cisplatine + bevacizumab) validé par cette étude française comme traitement standard de 1ère ligne chez les patients âgés de moins de 75 ans (puisque nous n’avions pas inclus de patients âgés de plus de 75 ans). En France, la plupart des recommandations ont pris ce standard de traitement. Par contre, il n’y pas d’enregistrement officiel qui ait été fait par l’industriel pour ce triplet.
    Par ailleurs, il faut dire que l’avantage en termes de survie était observé dans tous les sous-groupes de patients, et c’est la première fois qu’une étude retrouve cela dans le mésothéliome.
    En effet, ce triplet était plus efficace que la chimiothérapie conventionnelle pour les patients les plus fatigués, pour les patients les plus âgés, pour les patients qui avaient des formes histologiques plus agressives. Jusqu’alors, aucun traitement dans le mésothéliome n’avait montré une efficacité sur tous les sous-groupes même ceux qui ont un moins bon pronostique globalement.

    Enfin, plus récemment, le Professeur V. Westeel a montré, dans une étude qui a été présentée au grand congrès nord-américain de cancérologie (ASCO), que la qualité de vie des patients qui recevaient ce traitement n’était pas du tout altérée au prétexte qu’ils avaient reçu trois médicaments contre deux pour les autres.
    Au contraire, il y avait certains aspects de qualité de vie qui étaient améliorés par le bevacizumab témoignant de son efficacité. Tout ceci va donc dans le même sens, et nous fait recommander ce triplet en 1ère ligne thérapeutique pour les patients atteints d’un mesothéliome pleural. Il faut se féliciter qu’un intergroupe français ait pu ainsi changer les standards de traitements dans le monde entier pour cette maladie rare et jusqu'alors orpheline.

    Dernière modification le mercredi, 18 décembre 2019 02:47

Etude IFCT-GFPC-07-01 MAPS - Pr Gérard Zalcman (Hôpital Bichat, Paris)